Plongez dans l’univers de “Vices et Préjugés” avec un extrait exclusif

Découvrez un extrait captivant de Vices et Préjugés, le roman qui explore les méandres de l’amour, des vices et des choix qui bouleversent des vies. Laissez-vous emporter dans les années 90, au cœur d’une intrigue pleine de mystères et de passions. À vous de lire… et de décider si vous êtes prêt à en découvrir plus.

[…] La demoiselle mettait à profit le temps libre dont elle disposait désormais en sortant le soir : restaurants, vernissages, avant-premières, boîtes de nuit… En tant que chargée de relation publique, elle comptait de nombreuses célébrités parmi ses clients. Mais les relations étaient restées professionnelles. À présent, elle prenait le temps de les fréquenter dans des cadres plus décontractés. Elle faisait leur connaissance de manière plus personnelle, passait de bons moments avec eux. Elle s’amusait comme une petite folle ! Elle profitait de sa jeunesse, et vivait enfin les mêmes genres d’expériences que les gens de son âge. C’est à l’une de ces soirées qu’elle a rencontré l’homme qui allait marquer cette époque de sa vie : celui qui allait définitivement lui faire lâcher prise.

Elle s’était rendue à une soirée organisée par une marque de montre de luxe, pour le lancement d’un nouveau modèle, quand elle l’aperçut pour la première fois. Elle balayait la salle de son regard lorsque son attention fut captée par un jeune homme riant aux éclats. Il était adossé au bar, un verre à la main, et semblait plongé dans une conversation très divertissante avec son interlocuteur placé en face de lui. Elle ne savait alors pas qui il était. Une des personnes qui l’accompagnait nota l’intérêt qu’elle semblait lui porter :

— Il est sexy, dit cette personne en le pointant du doigt. C’est Abel, un mannequin devenu acteur. Vu le physique qu’il a, il va sûrement très vite casser la baraque !

La demoiselle avait maintenant son nom. Elle aurait pu trouver le moyen d’être présenté à lui ce soir même si elle l’avait voulu. Mais elle n’en fit rien. Il disparut de son champ de vision, et finalement, elle l’oublia pour le reste de la soirée. 

Ce n’est que deux jours plus tard, en passant devant un kiosque à journaux, qu’il s’est rappelé à elle. Elle le vit en couverture de StarMag, un magazine pour adolescents. Amusée par ce clin d’œil du hasard, elle sourit, s’empara d’un numéro avant de l’acheter et de le glisser rapidement dans son sac. Elle ne le consulta qu’en fin de journée, une fois rentrée chez elle. La demoiselle ne voulait pas qu’on la voie au bureau feuilleter une revue pour midinette. En regardant de plus près la couverture, elle se dit qu’elle avait eu bien raison : cela aurait pu être embarrassant si un collègue l’avait surprise bavant ainsi sur une photo ! Abel était d’une beauté à se damner. Sur la photo, il portait un jean brut usé, un t-shirt noir et une veste. Il posait de manière nonchalante, lui donnant un air cool. Son sourire enjôleur était ce qui ressortait le plus. Elle mit un certain temps avant de pouvoir détacher son regard et ouvrir le magazine. Sur la photo illustrant l’article à l’intérieur…, il était torse nu ! Si elle l’avait su plus tôt, elle ne se serait pas attardée autant sur la couverture… Ses abdominaux marqués luisaient légèrement. Elle s’imaginait bêtement y passer le doigt. Âgé de 24 ans, donc un peu plus jeune qu’elle, et mesurant environ 1 mètre 78 selon sa fiche, il avait une silhouette athlétique. Brun aux yeux marrons, le teint légèrement mat, il avait des traits réguliers. Son visage fin était encadré par des cheveux mi-longs, dont les mèches de devant lui tombaient sur les yeux, lui donnant un air rebelle et sauvage à la fois. L’article le dépeignait comme un bad boy au grand cœur. La demoiselle apprit qu’il avait été mannequin, ayant participé à quelques grandes campagnes, avant de se voir proposer une carrière d’acteur. Il tenait actuellement l’un des premiers rôles d’une sitcom intitulée, Moteur… Action !. Il s’agissait d’une série sur une bande de jeunes, aspirants acteurs, travaillant dans un cinéma pour se faire de l’argent : ils en profitaient pour essayer de se faire remarquer par des gens du milieu lors d’événements tels que des avant-premières, etc., donnant lieu à des péripéties comiques. C’était le genre de format qui avait du succès dans les années 90. La demoiselle n’apprit rien d’autre de bien intéressant. Comme dans tous les magazines de presse people, il n’y avait que des niaiseries du style « couleur préférée », « talent caché », « cœur esseulé à prendre », bla-bla-bla. C’étaient les principaux éléments que les chargés en relation publique demandaient à leurs clients de partager afin de leur créer une belle image lisse, bonne pour les affaires. C’était facile à cette époque, les réseaux sociaux n’existant pas. Son physique suffisait amplement à allumer en elle la flamme du désir, provoquant l’envie d’en savoir plus.

Le lendemain au bureau, la demoiselle orienta doucement la conversation sur la soirée de la marque de montre, puis elle évoqua le plus innocemment possible la présence d’Abel. Elle faisait mine d’ignorer qui il était. 

— Il était là ?! Merde, j’aurais dû venir… Ce mec, c’est un acteur. Il est à tom-ber ! Bon, j’ai aucune chance avec lui, mais juste me rincer l’œil m’aurait suffi, dit son assistante en gloussant. 

La demoiselle apprit d’elle qu’il était une star montante, l’un des hommes les plus convoités du moment dans le milieu, qu’il organisait les soirées les plus folles et qu’il avait un tableau de chasse bien rempli. La demoiselle ne laissait rien paraître, mais ce qu’elle venait d’entendre l’avait ravie au plus haut point : Abel était exactement ce qu’il lui fallait, elle qui était en quête de divertissement… 

À partir de là, la demoiselle conçut un plan à étapes afin d’intégrer le cercle d’Abel. Elle s’arrangea pour être présente à un événement où elle était sûre de l’y retrouver. Elle s’apprêta de manière à accentuer son sex appeal, sans avoir l’air d’en faire trop. Son apparence devait souligner sa beauté afin d’attirer l’attention, tout en laissant une marge, en restant dans la suggestion. La demoiselle fit en sorte qu’on la présente, de manière la plus naturelle et élogieuse possible : elle était la belle reine des relations publiques, jeune, mais douée, et riche ! Elle faisait mine d’être gênée suite aux nombreux compliments, feignant l’humilité. En réalité, elle pensait bien les mériter, ainsi que de nombreux autres. Si son apparence n’avait pas manqué de capter l’attention d’Abel et de tous les hommes qui les entouraient, la description de sa situation professionnelle enfonça définitivement le clou. Elle avait le genre de pouvoir qui intéressait quiconque voulait se faire un nom dans ce type de milieu. Après les présentations, Abel planta son regard dans le sien, tandis qu’elle serrait des mains. Il lui prit la main qu’il baisa à la manière des gentlemen des temps passés, geste qu’il exécuta au ralenti, avant de replanter ses yeux sombres dans les siens. Son regard avait quelque chose d’animal. Il l’écoutait attentivement parler en la regardant comme un lion fixerait une biche… Dès ce moment, ils ne se quittèrent plus.

Abel était le plus charmant des hommes en société. Quelque peu superficiel, il se savait séduisant, et accordait de l’importance au physique de ceux qu’il avait en face, notamment ses partenaires. Il semblait avoir été subjugué par sa beauté à elle, qu’il jugeait à la hauteur de la sienne. Il n’arrêtait pas de la complimenter à ce sujet. Il voulait que la demoiselle soit sienne, tout autant qu’elle si ce n’est bien plus. Il passait de plus en plus de temps avec elle, à son initiative. Il lui disait vouloir apprendre à la connaître, et qu’elle puisse également découvrir son monde à lui. 

Il l’invita à venir assister au tournage d’un des épisodes de Moteur… Action !. Ce que la demoiselle accepta. C’était une première pour elle. Elle découvrait les coulisses, le plateau. Elle fit la connaissance des autres membres du casting, dont celui qu’Abel surnommait sarcastiquement « Blondie ». C’était un beau blond d’une vingtaine d’années, au regard azur. Il incarnait son meilleur acolyte à l’écran, mais dans la vie, les deux jeunes hommes étaient en concurrence directe. Il le considérait comme son ennemi, l’homme à abattre. Cela se savait, les scénaristes en jouaient même dans la série. Mais officiellement, ils devaient feindre une amitié afin de coller à l’esprit positif que voulait dégager la production auprès des adolescents. Il fallait montrer au monde une image irréprochable, respecter la bienséance, pour ne pas heurter le jeune public et leurs parents. Outre les inimitiés, il fallait également dissimuler les aventures entre acteurs, qu’elles soient d’un soir ou pas. Quelle différence il y avait entre l’attitude devant les caméras et celle d’entre les prises ! Ajouté à cela, les réactions préenregistrées, comme les rires, applaudissement et autres « oh », « ah », la demoiselle se disait que le tout avait en réalité quelque chose de tragi-comique, bien loin de ce que le simple téléspectateur pouvait imaginer… 

Après la longue journée de tournage, Abel l’invita à manger chez lui. Il habitait un appartement très classe dans un quartier huppé. Il appela pour se faire livrer un repas, qu’ils dévorèrent assis par terre sur la moquette du salon, autour de la table basse. La soirée était parfaite. Ils discutaient et riaient, juste tous les deux, en toute simplicité. Le dos appuyé contre le canapé en cuir, il jouait avec ses cheveux, tout en lui faisant des confidences relevant de l’ordre du privé. Comme le fait qu’il avait une obsession pour le lobe des oreilles, zone sensible chez lui… Ils étaient devenus très proches, la tension était palpable. En lui enlevant des mèches de devant les yeux qu’elle glissa derrière ses oreilles, la demoiselle remarqua une inscription. Il avait un anneau à l’oreille droite, et un discret tatouage derrière l’oreille gauche. On pouvait y lire « कामदेव » inscrit à l’encre noire.

— C’est du sanscrit, ça veut dire « Kāmadeva », c’est le nom de la divinité hindoue du désir, affirma-t-il. 

Il lui expliqua qu’il avait une philosophie de vie se rapprochant de l’hédonisme, qui consistait à faire du plaisir le but de la vie. Son plaisir à lui actuellement, c’était de passer du temps avec elle, de la découvrir. Elle était différente, séduisante, aguichante… C’est alors qu’il approcha doucement son visage du sien, attendant le feu vert, que la demoiselle lui donna sans l’aide de mots, avant de l’embrasser langoureusement. C’était un baiser lent, long, passionné… et humide ! Après quoi, il se leva puis, la prenant par la main, la guida jusque dans sa chambre à coucher. C’était la première fois qu’elle la voyait. Plus que la magnifique vue, c’était le lit rond trônant au milieu de la pièce qui attirait le regard. La parure en satin noir donnait au tout un air de cliché. La demoiselle ne put s’empêcher de laisser échapper un petit rire. Abel s’était rapproché de la chaîne hi-fi et avait lancé un disque : les premières notes de Wicked Game de Chris Isaak envahissaient la pièce. Grisés par la musique, l’atmosphère, le rapprochement des corps, ils se laissèrent tomber sur le lit. C’est là qu’elle constata la présence de grands miroirs au plafond. Le décor collait si bien à la personnalité d’Abel. Il voulait d’elle. Elle voulait de lui. Est donc arrivé ce qui devait arriver : ils passèrent la nuit ensemble, une nuit mémorable, aussi bien pour l’un que pour l’autre…

Abel était comme un cyclone, dont le tourbillon de vent, tournant dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, vous faisait violemment décoller les pieds du sol. La demoiselle était prise en son cœur, et s’en délectait, volant et virevoltant. Dans ses bras, elle s’oubliait et oubliait le monde qui l’entourait. Elle avait toujours été dans le contrôle, c’est ce qui l’avait amené là où elle était. C’était selon elle l’un des secrets de sa réussite. Elle était celle qui tenait les rênes. Au bord de la falaise qu’était sa vie avec les hommes, elle s’était longtemps agrippée à la roche, de peur de tomber dans le vide. Mais là, pour la première fois, elle avait lâché prise. Sa peau reconnaissait la sienne, comme le feraient aujourd’hui deux appareils électroniques préalablement synchronisés. Ils avaient l’un sur l’autre l’effet d’une drogue, provoquant une forme de dépendance. Bien plus grisant que l’alcool, bien moins dangereux qu’un narcotique, pensait-elle. 

Aveuglée par les distractions et le plaisir provoqué par la satisfaction de ses désirs, la demoiselle n’avait pas tout de suite pris conscience des rumeurs qui circulaient sur Abel. Elle passait beaucoup de temps avec lui, et traînait souvent sur le plateau de Moteur… Action !. C’est là même qu’elle eut vent de la première anecdote qui l’a mise sur le qui-vive. La demoiselle surprit une conversation entre membres de l’équipe technique. Ils affirmaient qu’Abel avait eu une aventure avec l’épouse d’un producteur. Il aurait rencontré cette femme lors d’une des nombreuses soirées débridées qu’il fréquentait, il y a de cela quelque temps. Il n’était alors que mannequin. Il avait honteusement flirté avec cette quadragénaire, après avoir appris qui elle était, et, séduisant comme il l’était, elle s’était laissé faire. Ce n’était qu’une brève, mais très intense passade. Elle l’en avait remercié en lui présentant son mari. Ce dernier lui avait proposé de le lancer comme acteur. Il aurait donc poussé cette femme à avoir une relation extraconjugale dans le seul dessein de favoriser ses plans. Il aurait dû passer sous silence cette aventure, au lieu de cela, l’histoire circulait mettant à mal la réputation de cette femme. Il avait sûrement dû s’en vanter auprès d’une tierce personne. Sa quête du plaisir mêlée à son ambition l’avait amené à bafouer le sacrement du mariage, contracté par d’autres, certes. Il aurait pu briser cette famille, il l’avait peut-être même fait d’une certaine façon. Ce couple avait sûrement des enfants, peut-être même du même âge que lui. N’avait-il pas pensé à eux ? Il n’avait donc aucune limite, à un si jeune âge… La demoiselle savait ce qu’était l’ambition, et ce qu’il fallait faire pour la nourrir. Mais elle savait également ce qu’était une famille brisée, et les conséquences qui en découlaient. Elle se mit à penser à leur rencontre… Est-ce qu’il avait agi de la même façon avec elle ? Comptait-il se servir d’elle ? Faisait-elle partie de sa vie dans l’unique objectif de favoriser une quelconque ambition professionnelle ? La suite de la conversation, qu’elle épiait plus ou moins, l’avait sortie de ses pensées. Quelqu’un affirmait qu’Abel ne s’était pas seulement glissé sous les draps de cette femme, mais également sous ceux de son mari ! Et ni l’un ni l’autre n’avait connaissance du fait qu’ils avaient partagé un amant. Ce serait grâce au fait qu’il avait donné de sa personne qu’il aurait eu son premier rôle dans cette sitcom qui l’avait fait connaître au public. Ce ne serait pas le seul « cadeau » que lui aurait fait ce producteur sexagénaire, il lui aurait également transmis la chlamydia, pour laquelle il s’était vite fait soigner. Cette histoire lui paraissait totalement glauque et déconcertante. Mais était-elle plausible ? La demoiselle se refusait à le croire. Après tout, elle n’avait aucune preuve concrète qui attesterait de sa véracité. Ce n’était que des rumeurs qui circulaient par le biais de personnes occupant des emplois dans l’ombre, alors qu’Abel était dans la lumière. Ils étaient peut-être tout simplement jaloux de lui, de son physique et de sa réussite.

Elle avait pris ses aises avec Abel, et lui avec elle. Ils s’étaient même échangé les clés de leurs domiciles respectifs. Il n’hésita donc pas à lui demander… […]

Retour en haut